Projet de recherche « Economies des déplacements prolongés » (Protracted Displacement Economies) – PDE

I. Bref résumé

PDE est un projet de recherche soumis par le Professeur Michael Collyer et son équipe de l’Université de Sussex en Grande Bretagne, et financé par l’Economic and Social Research Council (ESRC), pour une durée moyenne de 36 mois, à dater du 1^er janvier 2020. Il comprend 1 Investigateur Principal (le Prof. Mike Collyer) et 13 Co-Investigateurs dont 5 sont basés dans les 5 pays où se déroule l’enquête, à savoir la RDC, le Liban, le Myanmar (Birmanie), le Pakistan et l’Ethiopie.

Le projet consiste à :

• Mieux comprendre l’intégration des réfugiés et des personnes déplacées internes (PDI) dans les communautés d’accueil, ainsi que les subtilités de l’économie associée, grâce à une approche globale et en privilégiant les transactions sociales ;
• Mieux comprendre les mécanismes et les moteurs de l’économie des déplacements prolongés ;
• Comprendre comment les réfugiés et les PDI survivent dans un contexte précaire dans l’est de la RDC (ou la périphérie de Kinshasa) aggravée par des conflits intermittents (ou la crise socio-économique) ainsi que les subtilités liées au genre concernant l’accès aux services sociaux de base.
• Mieux comprendre comment les réfugiés et les PDI dans la périphérie de Kinshasa ou dans l’est de la RDC deviennent autonomes et contribuent à l’économie locale des communautés qui les accueillent.
• Comprendre comment ils accèdent aux services de base, par exemple la justice, l’éducation, les soins de santé …, dans les villes/zones urbaines d’accueil, alors qu’il existe un contexte de précarité.
• Comprendre comment les communautés d’accueil négocient leurs expériences de vie avec elles.
• Comprendre l’accès basé sur le genre à ces services sociaux.
• Mieux comprendre comment les activités des ménages ainsi que les voies socio-économiques des déplacés prolongés peuvent être reliées aux priorités du développement local ou national des régions ou pays d’accueil dans le sens d’offrir des opportunités économiques pour les déplacés et qui peuvent aussi être bénéfiques pour les communautés d’accueil.
• Mieux comprendre comment dans les zones urbaines qui accueillent de nombreux déplacés prolongés, les autorités adapter leurs systèmes de planification municipale de manière à créer des opportunités pour tous.
• Comprendre comment l’accès aux services, aux opportunités économiques et culturelles ainsi que les niveaux de pouvoir influencent différemment les expériences, les opportunités et les limitations liées au genre [homme ou femme].

II. Objectifs du projet

Ils ont au nombre de quatre, et ils correspondent aux questions de recherche principales :

1. Définir l’économie des déplacements prolongés et explorer les différentes formes qu’elle adopte selon les différents contextes de déplacement (acteurs + flux financiers + transactions non financières + analyse genrée + rôle des frontières).
2. Reconnaître les étapes vers la soutenabilité/durabilité et les actions y afférentes, et souligner (mettre en valeur, valoriser) les exemples de bonne pratique conduisant à long terme à des solutions pouvant bénéficier à la communauté affectée par le déplacement, grâce aux ressources qu’elle attire.
3. Grâce à une recherche approfondie avec les personnes déplacées et des discussions avec toutes les parties prenantes, identifier et analyser les facteurs qui encouragent les activités ayant du succès et inclusives, et relatives aux économies des déplacements prolongés. Ceci va conduire à une considération des barrières pour plus de pratiques durables/soutenables.
4. L’objectif final concerne l’impact : examiner et communiquer comment ces barrières à pus de pratiques durables/soutenables peuvent être surmontées/vaincues en utilisant les exemples des meilleurs pratiques et en construisant la capacité de s’assurer que les membres des communautés affectées par le déplacement ont les compétences de communiquer eux-mêmes leurs succès et leurs difficultés.

III. Argument

A travers le monde, les réfugiés et les PDI vivent dans l’incertitude, dans des conditions souvent difficiles et ils sont quasiment indésirables là où ils sont installés de gré ou de force. Et la plupart y vivent depuis plus de cinq ans, c’est pourquoi l’on parle de « déplacement prolongé ».

Le modèle de soutien à ces personnes en détresse et appliqué par l’UNHCR est connu sous le nom de « care and maintenance » (soin et entretien/maintenance) et qui résulte en un « entreposage » des réfugiés.

Aujourd’hui, l’intérêt de la politique globale est en train de changer, jugeant cette réponse humanitaire inadéquate : de l’humanitarisme à court terme vers des réponses de développement à long terme, centrées sur le déplacement prolongé (cf. Global Compact on Refugees, December 2018).

Cette recherche répond au renouvellement de cette volonté politique qui désormais a un langage positif sur l’autonomie à long terme des réfugiés et elle voudrait proposer de nouvelles solutions au déplacement prolongé. Ce projet de recherche étudie la possibilité du remplacement du modèle ‘care and maintenance » par une nouvelle approche, l’« économie des déplacements prolongés ».

Cette nouvelle approche introduit deux innovations de taille.

1° Il s’agit d’une approche sociétale globale. Le focus n’est pas seulement sur les personnes déplacées mais bien sur la « communauté affectée par le déplacement ».

2° La compréhension des transactions au sein de l’économie des déplacements prolongés : il ne s’agit pas seulement des transactions financières, mais encore et surtout des transactions non-financières (interactions humaines, échanges, dons, organisation collective, travail de soin, aide mutuelle, etc.).

L’expérimentation aura lieu dans 10 pays, présentés en couple de 5, avec observation de la dynamique transfrontalière avec le pays où l’enquête n’aura pas lieu. Il s’agit des pays ci-après :

RDC/Ouganda

Ethiopie/Somalie

Liban/Syrie

Myanmar/Thaïlande

Pakistan/Afghanistan

Les partenaires internationaux sont :

-l’Université de Kinshasa (RDC), à travers le GREC

-l’Université d’Addis-Abeba (Ethiopie)

-l’ONG Basmeh & Zeitooneh and Sawa (Liban)

-Think Tank Convenant Institute (Myanmar)

-l’Université de Peshawar (Pakistan).

La recherche empirique dans ces 5 pays aura lieu dans 3 différents sites, dont une zone urbaine et un camp. Et elle sera conduite suivant une méthodologie innovante :

• Community discussions (focus group ; n= 4)
• Large scale surveys (enquête large par questionnaire ; n = 4.000)
• Qualitative interviews (entretien)
• Regular meetings, workshops
• Video narratives (training groups of people to produce 5’ video : short film of PDE)

(produire un court film qui capte les activités de l’économie des déplacements prolongés, notamment les activités économiques, les pratiques non financières, comme l’aide mutuelle, le partage, les activités entrepreneuriales.

Le projet vise à redonner de l’espoir aux personnes déplacées.

IV. Bénéfices pour les académiciens

• Le projet est réalisé par une équipe internationale suivant une approche interdisciplinaire. Principales disciplines impliquées : géographie du développement, science économique, anthropologie, science politique, sociologie, sciences de gestion, Film studies.
• Publications en perspective (peer-review journals) des articles et ouvrages  e.g. Journal of the Royal Anthropological Society

Journal of Contemporary African Studies

Forced Migration Review

• Conférences internationales
• Expert Seminars
• Regional Conferences (held in partner countries).

V. Choix des sites

> 50.000 PDI (personnes déplacées internes)

Pour la RDC, les 3 sites sélectionnés sont : Kinshasa, Masisi (Nord-Kivu) et Kalehe (Sud-Kivu).

Fait à Kinshasa, le 1er septembre 2020.

José Mvuezolo Bazonzi, PhD

DRC team Co-Investigator